Développé avec Berta.me

  1. Amandine Guruceaga est une artiste récemment diplômée de l’Ecole Supérieure d’Arts et de Design Marseille-Méditérrannée. Pour ce projet, elle transforme Diagonales 61 en lieu de négociation culturelle et de déconstrution des identités de genre. S’inspirant des Nana Benz, des femmes togolaises qui ont dominé le commerce de la mode et du tissu africain en l’Afrique de l’Ouest, elle détourne le rôle habituel de la galerie-bureau en faux lieu commercial de vente de tissus Wax.Ce fameux pagne africain, dont les motifs utilisent une symbolique évoquant la situation de ceux qui les portent (argent, mariage, lieu d’origine, statut professionnel, etc.), est cependant fabriqué en Hollande. La complexité des échanges d’import-export actuels remet en question des notions d’authenticité, artisanat régional, identités locales et globalisation, réseaux de circulation symboliques et d’hybridation culturelle.Les Nana Benz sont des femmes autodidactes qui ont su établir de façon matriarcale la domination sur la distribution du textile euro-africain, jusqu’à être nommées ainsi car elles étaient les premières à introduire dans le pays les grosses cylindrées allemandes Mercedes Benz. Leur position de femmes de pouvoir est interprétée par Amandine Guruceaga de façon politique à travers le langage de la sculpture: c’est l’artiste elle-même qui fabrique ses sculptures imposantes, qui bloquent l’espace d’une voiture en face de la galerie. Et en même temps elle transforme les responsables du lieu en sapeurs congolais, figure du dandy africain, qui travaillent pour son entreprise de perturbation des rapports de pouvoir colonial et de genre.  Dans cet import-export de références, elle emploie encore des motifs tye and dye (une technique primitive de teinture artisanale reprise par les hippies des années 60), des modalités de tuning et des références à l’histoire de l’abstraction picturale.

    Pedro Morais / exposition Nana Benz / oct 2013